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Muir Wall Yosemite
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1 mai 2016

Poudreuse de rêve!

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Fab, Vincent et moi décidons d’aller faire une petite visite au Val d’Orco pour réviser nos bases d’Artif, avant le voyage au Yosemite. Bien que Vincent n’habite pas à côté de chez nous, il a le courage de faire plusieurs heures de route malgré une météo très incertaine afin de passer le week-end avec nous. Malheureusement, en entrant dans la vallée, les incertitudes se confirment : il pleut et notre guide n’a même pas prévu de plan B ! Je me plonge alors dans le topo pour trouver une voie bien surplombante afin d’éviter la douche au maximum.

Après avoir trouvé l’accès du parking (qui est dans une trouée en plein milieu d’un long tunnel), nous commençons à monter en direction d’El Caporal avec nos gros sacs de matériel ; ambiance Artif jusqu’au bout ! Les locaux ont nommé les falaises de la vallée en référence à El Capitan. Même si les dimensions des parois sont beaucoup plus modestes, il est vrai que le granit de la vallée d’Orco a quelques ressemblances avec celui du Yosemite. C’est donc le spot idéal pour se faire les bras avant Juin.

Après avoir rapidement tiré à la courte paille (j’étais le seul à jouer), je me lance dans la première longueur. Le départ est mal commode : un petit mur coiffé d’un toit où il faut se lever pour basculer à la droite sur une plate-forme légèrement déversante. Alourdi par le poids du matériel (pour une fois ce n’est pas ma graisse qui me retient au sol), j’ai beaucoup de peine à lever et Fab finit par me pousser au cul afin de me laisser le temps de placer un gros friend no 4 dans une fissure. Bref, une entrée en matière peu glorieuse ! La suite est moins raide, mais je reste tendu jusqu’à ce que je sois suffisamment protéger pour éviter le retour au sol en cas de chute. Petit à petit, j’avance pour atteindre une fissure en ascendance à gauche sous un grand toit. C’est une longueur en 6c. En principe, je devrais donc pouvoir avancer en libre, mais le poids du matériel rend cette tâche très difficile. Et puis là n’est pas l’objectif. Il faut se remettre dans le bain de l’Artif : choisir le bon friend, le placer correctement, se tirer dessus et surtout réapprendre gérer tout le matériel correctement pour éviter les emmêlages de cordes, daisys, et étriers. A cause du manque de confiance, j’ai tendance à surprotéger dans cette section, et inévitable je finis par manquer de matériel. Je me ressaisis sur la fin et atteins finalement le relai en deux heures en alternant les pas d’Artif avec quelques pas de libre. Cool, c’est un chrono correct. J’installe un vrai relai d’Artif : large et à quatre points pour pouvoir hisser le sac et étaler le matériel facilement.  

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Fab me rejoins en grimpant sur la corde statique, pendant que Vincent monte sur la corde d’assurage pour déséquiper. Ayant pris soin d’avaler la corde d’assurage au préalable, Fab peut commencer à grimper en tête dès son arrivée au relai. Il commence dans une fissure profonde et large, peu pratique à équiper car elle n’est pas assez large pour se glisser dedans. Voici près de 20 ans que Fab n’a pas fait d’Artif. A sa place, je serais mort trouille de devoir tirer sur des friends douteux, mais pas lui. Quelle niaque ! Il grimpe la deuxième longueur en quelques minutes (une micro-longueur de 6a) puis enchaine sur une grande traversée ascendante à gauche sous un toit ; une longueur cotée 7b en libre. Il profite d’une bonne série de pitons déjà en place pour progresser et atteint le relai également en à peu près deux heures. Je profite de ce temps d’attente pour papoter avec Vincent. C’est l’avantage d’être à trois en Artif, sinon, il faut s’occuper seul pendant que le copain grimpe en tête. Lors de mon passage au Yosemite en 2013, j’avais autant progressé au Sudoku qu’en Artif...

A mon tour de monter sur la corde fixe. Un petit inconvénient, je dois faire un bon pendule à gauche pour me mettre dans l’axe de progression. Vincent me mouline au demi-cabestan pour faciliter le placement, puis je me retrouve plein gaz sous un gros surplomb. Flute, la remontée sur corde va être plus physique. Mais je n’ai pas à me plaindre. Vincent va passablement « transpirer » pour déséquiper cette deuxième longueur. D’une part ce n’est jamais facile de déséquiper en traversée, mais en plus, sur mes conseils, Fab a mis de grandes cravates sur les points. Une mauvais idée au final, car Vincent se retrouve à chaque fois loin du point à retirer. Il invente même le Dry Tooling « avec marteau » pour se rapprocher du matériel.

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Pendant que Vincent se bat, je commence à grimper la longueur suivante. C’est une fissure assez directe et probablement très facile en libre (max 5c/6a). J’en profite pour faire du « top stepping », qui consiste à se placer sur le dernier échelon de l’étrier le plus haut (on se retrouve alors en équilibre sur un pied au niveau du dernier point) puis à poser le point suivant le plus haut possible pour répéter la même opération. Au bout d’un dizaine de mètres, j’atteins un relai intermédiaire sous une fissure verticale. Vincent n’a pas encore finit de se battre dans la longueur précédente. Je suis un peu à court de matériel. Fab décide de me rejoindre en attendant, car le relai où il se trouve est sous la pluie. Au passage, il ramasse le matériel que j’ai installé. Vincent commence seulement à sortir du grand toit. Le pauvre, il a bien donné dans cette longueur. Déséquiper en Artif est une tâche très ingrate ! Merci à lui de nous avoir épargné cette besogne pour aujourd’hui. Fab en profite pour grimper la fissure verticale au-dessus de nous. Vincent vient tout juste de me rejoindre quand Fab installe un autre relai une petite dizaine de mètres au-dessus de notre relai intermédiaire. Il est 17h. La pluie s’est transformée en neige fondue. Il est temps de redescendre.

En route vers l’hôtel (oui, nous sommes des petits joueurs, nous n’avons pas voulu dormir sur la voie avec le portaledge !), les petits flocons de la fin d’après-midi se transforment en pancakes. Incroyable! La vallée blanchie à vue d’œil. Après une bonne douche, nous allons à pizzéria du village où nous dégustons un excellent repas bien arrosé. Le patron, qui nous a repérés, nous montre un autre client un peu bedonnant, qui est en fait, Valerio Bertoglio, un pionnier des records d’ascension éclairs des années 90 (4h 16' 26" pour l’aller-retour au Cervin !). Nous finissons la soirée en visionnant sur Youtube les exploits de Valerio en ski alpinisme et sur le Cervin. Chapeau le gars !

Le lendemain au réveil, il y a 20 cm de poudreuse sur la voiture. Nous retournons sur notre voie en espérant que la paroi ne soit pas trop humide, mais l’eau suinte de partout. On décide de rentrer. Je me désigne volontaire pour remonter sur notre corde fixe, laissée la veille, et redescendre en rappel. Au moins, ça fait les bras… 

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